Avec l’âge, le corps change et ses besoins évoluent. Pourtant, il est fréquent que l’appétit diminue, que certaines douleurs apparaissent ou que l’on pense, à tort, qu’une activité physique moindre nécessite une alimentation réduite. Ces habitudes peuvent conduire à un déséquilibre nutritionnel profond. La dénutrition chez les personnes âgées est une problématique fréquente, mais encore trop souvent sous-estimée. Comprendre de quoi il s’agit, savoir en reconnaître les signes et adopter les bons réflexes alimentaires permet de préserver la santé, la vitalité et l’autonomie au quotidien.

Ce phénomène peut aussi concerner des publics plus jeunes, notamment les personnes atteintes de pathologies graves. Dans le cadre d’un cancer, par exemple, le risque de dénutrition est accru par les traitements, les douleurs ou la fatigue. Il existe aujourd’hui des solutions pour prévenir la dénutrition en cas de cancer, en adaptant l’alimentation, en enrichissant les repas ou en se faisant accompagner par des professionnels de la nutrition.

DE QUOI S'AGIT-IL ?

Avec l’âge, de nombreux changements physiologiques et psychologiques peuvent perturber l’équilibre alimentaire. Il est essentiel de comprendre les mécanismes qui mènent à la dénutrition pour mieux la prévenir.

Pourquoi l’appétit diminue-t-il avec l’âge ?

En vieillissant, le métabolisme ralentit, les besoins énergétiques peuvent sembler moindres et l’appétit diminue souvent naturellement. Cette baisse peut aussi être liée à une diminution de l’activité physique, à une moindre sensation de faim ou à une routine alimentaire appauvrie. Certaines personnes âgées pensent, à tort, qu'elles doivent manger beaucoup moins, ce qui installe progressivement un déséquilibre nutritionnel.

Quand les troubles de santé perturbent l’alimentation

La dénutrition n’est pas uniquement une question d’envie ou d’habitude alimentaire. Elle peut être provoquée par des troubles bucco-dentaires (douleurs, prothèses mal adaptées), des difficultés digestives (reflux, ballonnements, constipation), mais aussi par la prise de médicaments qui altèrent le goût ou coupent l’appétit. Un état dépressif ou un isolement social jouent également un rôle non négligeable dans la perte de motivation à s’alimenter correctement.

Les conséquences visibles de la dénutrition

Lorsque le corps ne reçoit plus les nutriments nécessaires, il s’affaiblit. La fonte musculaire s’installe, les défenses immunitaires baissent et la fatigue devient chronique. La personne devient plus vulnérable aux chutes, aux infections, et peut perdre en autonomie. Il est donc crucial de surveiller son état nutritionnel dans sa globalité, en tenant compte aussi de l’hydratation, souvent négligée, mais tout aussi essentielle.

Prendre conscience de ces causes et effets permet de mieux repérer les premiers signes de dénutrition et d’agir rapidement pour préserver la santé des personnes âgées.

QUELS SONT LES SIGNES À PRENDRE EN COMPTE ?

La dénutrition s’installe souvent de manière progressive et silencieuse. C’est pourquoi il est crucial de savoir repérer les premiers signes d’alerte, même discrets. Le Programme National Nutrition Santé (PNNS), plan de santé publique visant à améliorer l’état nutritionnel de la population, met en lumière 12 signaux clés. Il est important de noter qu’un seul de ces éléments peut suffire à évoquer un risque de dénutrition chez une personne âgée.

Voici la liste complète de ces signes d’alerte :

  • Perte de poids involontaire : une perte supérieure à 5 % en un mois ou 10 % en six mois doit alerter.
  • Diminution de l’appétit ou désintérêt pour la nourriture : repas sautés, portions non terminées ou refus d’aliments autrefois appréciés.
  • Fatigue inhabituelle ou persistante, sans cause apparente.
  • Fonte musculaire ou faiblesse physique : difficulté à se lever d’une chaise, marcher, porter des objets du quotidien.
  • Troubles cognitifs : baisse de la concentration, de la mémoire ou ralentissement dans les échanges.
  • Peau fragilisée : sèche, pâle, facilement sujette aux blessures ou infections.
  • Cicatrisation lente : les plaies mettent plus de temps à se refermer qu’à l’accoutumée.
  • Infections répétées ou aggravation de maladies chroniques existantes (diabète, insuffisance cardiaque, etc.).
  • Signes de déshydratation : bouche sèche, urines foncées, épisodes de confusion.
  • Changements de comportement : apathie, irritabilité, isolement social ou perte d’intérêt pour les activités habituelles.
  • Perte d’autonomie : difficulté à faire les courses, à préparer ou consommer les repas seuls.
  • Problèmes bucco-dentaires : douleurs, difficulté à mâcher ou avaler, prothèses dentaires inadaptées.

Repérer l’un ou plusieurs de ces signes doit inciter à une vigilance accrue. Un bilan médical ou nutritionnel peut alors s’avérer nécessaire pour confirmer ou non l’existence d’une dénutrition et mettre en place rapidement un accompagnement adapté.

3 BONS RÉFLEXES POUR PRÉSERVER SON ÉQUILIBRE NUTRITIONNEL

Adopter de bons réflexes alimentaires est essentiel pour préserver l’énergie, l’autonomie et la qualité de vie au quotidien. Voici trois axes simples mais fondamentaux pour maintenir un bon équilibre nutritionnel chez les personnes âgées.

Manger régulièrement et en quantité suffisante

Même si l’appétit diminue, il est primordial de garder une alimentation structurée. Faire trois repas par jour, même légers, permet de maintenir un bon apport énergétique. Les protéines sont particulièrement importantes pour prévenir la fonte musculaire. Elles doivent être consommées une à deux fois par jour, sous forme d’œufs, de viande, de poisson ou de volaille. Les laitages (fromage, yaourt, fromage blanc, desserts lactés) sont également à privilégier pour leurs apports en calcium.

Les fruits et légumes doivent rester présents à chaque repas, pour garantir un bon apport en fibres, vitamines et minéraux. En cas de besoin, les plats peuvent être enrichis facilement : ajouter du fromage râpé, un œuf ou un peu de crème permet d’augmenter la densité calorique sans augmenter le volume. Une petite collation dans l’après-midi (compote, fromage, pain-beurre…) peut compléter les apports de la journée.

S’hydrater tout au long de la journée

Avec l’âge, la sensation de soif diminue. Pourtant, une bonne hydratation est essentielle pour maintenir les fonctions vitales et éviter les troubles (fatigue, confusion, constipation...). Il est conseillé de boire entre 1 et 1,5 litre par jour, en petites quantités régulières.

Pour rendre ce geste plus agréable, il est possible de varier les plaisirs selon les goûts de chacun :

  • Eau (plate, gazeuse, aromatisée, riche en minéraux)
  • Tisanes, thé, café ou décaféiné, chicorée
  • Jus de fruits ou de légumes
  • Lait ou alternatives végétales
  • Soupes, bouillons
  • Et pourquoi pas, de temps à autre, un soda pour le plaisir !

Prendre l’habitude de boire au réveil, avant chaque repas et entre les activités aide à mieux répartir l’hydratation.

Être à l’écoute des signes d’alerte et se faire accompagner

Si malgré ces efforts, des signes de faiblesse ou une perte de poids apparaissent, il ne faut pas hésiter à consulter. Un médecin peut évaluer la situation, prescrire des compléments nutritionnels adaptés ou orienter vers un(e) nutritionniste ou diététicien(ne).

Par ailleurs, certaines personnes peuvent avoir besoin d’un soutien au quotidien :

  • Pour faire leurs courses ou cuisiner
  • Pour éviter de manger seul, ce qui réduit souvent l’appétit
  • Pour se faire livrer des repas équilibrés
  • Ou encore pour déjeuner dans un foyer restaurant proche de chez elles

Prendre soin de son alimentation, c’est aussi accepter de se faire aider lorsque c’est nécessaire.